L’éco-responsabilité est un concept fourre-tout dans lequel il faut sans cesse démêler le vrai du faux. Même chez les personnes informées, on a vite fait de faire des confusions. Masherbrum décrypte pour vous les 5 idées reçues les plus répandues sur les matières textiles éco-responsables.
En préambule, il est nécessaire de répondre à la question suivante : qu’est-ce qu’une matière éco-responsable ?
Une matière éco-responsable, c’est une matière qui présente un impact environnemental inférieur par rapport aux matières traditionnelles de l’industrie textile (coton, polyester…). Ainsi, il y a différents degrés d’éco-responsabilité. Certaines matières ont un impact légèrement inférieur, car elles utilisent par exemple un procédé de teinture moins polluant, d’autres ont un impact drastiquement diminué par rapport à leurs concurrentes : c’est le cas lorsque les matières premières et processus de transformation sont radicalement repensés.
Idée reçue n°1 : D’origine naturelle = éco-responsable
Il s’agit clairement de la confusion la plus répandue. Une matière d’origine naturelle n’a aucune garantie d’être moins impactante qu’une matière artificielle. En fait, cela dépend d’une part de la source de la matière première, et d’autre part de son degré de transformation. Un exemple concret : le polyamide biosourcé à base de plante de ricin (PA11) est souvent présenté comme une alternative écologique au polyamide pétro-sourcé. Or, même s’il permet 20% d’économies en émissions de gaz à effet de serre par rapport au polyamide classique, il est deux fois plus impactant sur la pollution des milieux aquatiques (eutrophisation) et en épuisement des ressources en eau. Cette matière ne peut donc pas être considérée comme éco-responsable à tous les égards. Autre exemple, la laine (de mouton, d’alpaga..) constitue généralement une matière avec une pollution très largement supérieure aux matières synthétiques, du simple fait des émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage de bétail ovin (comme la consommation de viande) et des dégâts du surpâturage (pollution des sols, des nappes etc). Dans les vêtements première couche, l’usage de la laine mérino n’est donc pas un choix éco-responsable, même s’il présente d’autres qualités. En outre, ces matières sont généralement produites dans l’hémisphère sud et transformées en Chine. Il existe cependant des laines vertueuses sur le plan environnemental sur des tout petits troupeaux à l’échelle locale des Alpes, mais ce n’est en général pas celle que vous retrouverez dans votre magasin outdoor. En résumé la source naturelle de la matière première ne constitue pas un gage de vertu environnementale. Ne pas oublier que le pétrole est aussi de source naturelle.
Idée reçue n°2 : Biosourcé = Biodégradable = Eco-responsable
Biosourcé cela signifie issu de source naturelle, et nous venons de détailler pourquoi cela n’était pas forcément une garantie d’éco-responsabilité. Souvent, le caractère biosourcé est confondu avec le caractère biodégradable. L’un n’implique pas l’autre. Pour revenir à l’exemple du polyamide biosourcé, cela reste chimiquement un polyamide, donc un plastique. Cela ne se désintègre pas dans la nature. Deuxième point, il est nécessaire de définir quelles sont les conditions de biodégradabilité. Souvent, le flou est entretenu sur les textiles biodégradables, et il s’agit dans la majorité des cas de matières qui vont se dégrader uniquement dans des conditions industrielles d’enfouissement. Si votre t-shirt (ou ses micro-fibres détachées lors de son lavage) finit dans la nature, cela reste une pollution non dégradable à courte terme. Dans les rares cas où les textiles sont réellement biodégradables dans des conditions naturelles, cela constitue en effet un argument d’éco-responsabilité intéressant, notamment pour cette question des microfibres (pour rappel chaque lavage relâche en moyenne 500 000 à 700 000 microfibres dans les eaux usées, qui pour une partie d’entre elles se retrouvent dans les océans).
Idée reçue n°3 : Recyclable = recyclé
Celle-là est simple, mais pourtant très répandue, notamment sur la question des emballages. Un textile (ou un packaging) recyclable signifie qu’il a la possibilité d’être recyclé ultérieurement, mais ne donne aucune garantie sur le fait qu’il va l’être. N’importe quelle boite en carton ou en plastique est en théorie recyclable. Ce n’est donc pas en soi un argument d’éco-responsabilité. A contrario, une matière recyclée signifie qu’elle est elle-même issue d’un déchet revalorisé. Il s’agit dans la plupart des cas d’un argument valable d’éco-responsabilité. Les matériaux recyclés avec la diminution d’impact la plus significative sont principalement ceux recyclés “post-consumers” (ex: bouteilles en plastique vides), mais ce sont les moins répandus. La plupart des matériaux recyclés sont “pre-consumer” : ce sont des déchets industriels récupérés sur les sites de fabrication.
Idée reçue n°4 : Made in France = fabriqué en France
L’inscription « made in XXX » sur l’étiquette d’un vêtement est régulièrement source de confusion, car on lui attribue généralement une signification qu’elle n’a pas. Une mention « made in France » sur un produit signifie uniquement que la dernière étape de transformation significative du produit a eu lieu en France. Dans le cas d’un vêtement, il s’agit de la confection. Ainsi, un vêtement « made in France » peut très bien avoir été confectionné à base d’un tissu tricoté et teint en Turquie, issu d’un fil chinois provenant de coton ouzbek. Si on prend en compte l’ensemble de la transformation d’un produit textile, la confection ne représente au final qu’une étape minime en termes d’impact. Dans une logique d’éco-conception, il est essentiel de s’assurer que le processus de production d’un produit respecte une logique de localité, indépendamment du pays affiché sur l’étiquette. Par exemple votre t-shirt Ultrasoft2 ou votre legging Proclimb sont entièrement filés, tricotés, teints et confectionnés dans des ateliers de la région de Braga, au nord-est du Portugal. Ainsi, il n’y a quasiment pas de transport entre les différentes étapes, et surtout, avoir des partenaires proches les uns des autres facilite leur travail de concert et donc bénéficie globalement à la qualité du produit.
Idée reçue n°5 : Eco-responsable = impact positif
Tout est question de sémantique. Aujourd’hui le green-washing dans le textile est généralisé. Souvent on entend parler de « vêtement à impact » positif. Il n’y a aucun vêtement, ou bien de consommation à impact positif, ou qui soit « bon pour la planète ». Il y a seulement des biens de consommation très impactants, et d’autres faiblement ou très faiblement. Il n’y a pas d’impact zéro car n’importe quel produit nécessite des ressources et de l’énergie (découvrez dans cet article le détail de l’impact d’un t-shirt Masherbrum PROCLIMB). Eco-concevoir dans le textile, cela signifie proposer des alternatives moins impactantes que ce qui existe dans le marché traditionnel, et c’est ce que nous faisons. Quelqu’un qui souhaite s’équiper en vêtements aura une consommation moins polluante en se tournant vers ces alternatives-là. Dans un deuxième-temps, une marque peut s’engager pour des actions environnementales à impact positif ciblé, comme ce que nous faisons avec l’association Mountain Wilderness et l’association Duramen.

Comparatif d’impact environnemental sur différents critères entre un t-shirt Masherbrum PROCLIMB, un t-shirt générique en 100% synthétique et un t-shirt en laine mérino – Source : Analyses de cycle de vie Masherbrum x Grenoble INP
Il est nécessaire d’être précis et de ne pas tomber dans les pièges mentionnés ci-dessus lorsqu’on parle d’éco-responsabilité.
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