« Course d’arête », voilà un mot qui peut intriguer les non-initiés. Point de passage entre la randonnée technique et l’alpinisme, découvrez la plus ludique et esthétique des pratiques alpines à travers quatre itinéraires faciles dans la région grenobloise.
La traversée des Trois Pucelles (AD+), Vercors
Visibles de partout au sein de l’agglomération grenobloise, les Trois Pucelles sont un symbole emblématique de la région. Cette formation rocheuse composée de différentes tours calcaires a la particularité d’être très facilement accessible depuis la ville. Il est donc normal d’y croiser une grande quantité de randonneurs et d’alpinistes presque tout au long de l’année.
Très photogénique, et offrant un panorama 360° à chaque instant, la traversée des Trois Pucelles est une des courses d’arêtes les plus populaires (et fréquentées) des Alpes. Relativement courte et équipée de scellements, elle se prête bien à de l’initiation.
Le parcours classique consiste à partir de la « Salle à Manger », en gravissant une première arête facile, avant d’arriver à la partie plus alpine avec un premier rappel à une brèche. A partir de là il faut gravir la Grande Pucelle, puis désescalader et faire un nouveau rappel avant de finir par la Dent Gérard. Le retour se fait dans le sens inverse. A noter qu’il est possible, « pour le fun », d’installer une tyrolienne entre la première dent et la Grande Pucelle, sensations fortes garanties !
Les difficultés ne dépassent pas le 4c, et la faible longueur des rappels permet de ne prendre qu’une seule corde. Votre plus gros obstacle sera certainement de composer avec l’affluence.
Une variante encore plus courte et plus facile de cette course d’arête est le parcours Honneger (AD), qui n’effectue que la traversée retour entre la Grande Pucelle et la première dent, l’aller s’effectuant par une traversée en rando-escalade versant ouest.
La crête du Pin (PD+), Belledonne
Dans une ambiance un peu plus montagnarde et moins citadine, la traversée de la crête du Pin (2342m) permet de joindre le pas de la Coche et le col de l’Aigleton. Même si la cotation est plus faible car la grimpe n’y dépasse pas le 3c, c’est une course d’une plus grande ampleur que les Trois Pucelles, et il faut compter une vraie journée de montagne en prenant en compte l’approche et le retour.
Dans l’ensemble, l’itinéraire suit le fil en passant de nombreux « gendarmes » (petites pointes rocheuses) de gneiss, dont une bonne partie sont évitables pour les plus pressés. Les difficultés se situent à la fin, pour gravir et désescalader (ou rappeler) les trois sommets du Pic du Pin. A noter qu’il existe plusieurs échappatoires le long de cette arête d’un kilomètre, permettant de raccourcir le parcours en cas de lenteur excessive ou de mauvais temps. Dans ce type de course, la complexité n’est pas dans le terrain, mais dans les facultés de la cordée à se déplacer efficacement en corde tendue, avec de nombreuses manips. Même si cela reste une course d’initiation, il paraît nécessaire de maitriser l’assurage en mouvement et savoir utiliser les protections naturelles (bequets, fissures etc…).
Les arêtes du Gerbier (PD+), Vercors
C’est l’autre grande classique du massif du Vercors, dont la fréquentation peut rivaliser avec celle des Trois Pucelles. Cette arête très scènique chemine sur le fil de la barrière Est du Vercors, entre d’un côté les alpages verdoyants de Villard-de-Lans, et de l’autre le Trièves et des lacs du Monteynard.
La traversée débute au lieu dit de la « Double Brèche », point de faiblesse de la crête, que l’on peut rejoindre de Villard-de- Lans ou de Prélenfrey. De là, une alternance de marche-grimpe, et quelques passages un peu aériens (mais jamais durs), conduisent au sommet du Gerbier (2109m). Après le sommet, un rappel permet de quitter l’arête côté Villard-de-Lans, mais les plus motivés peuvent prolonger le plaisir sur une autre section d’arête, pas plus dure, notamment ceux venant de Prélenfrey qui cherchent à rejoindre le Pas de l’Oeil pour la redescente.
Là encore, la relative simplicité technique de l’itinéraire ne doit pas fait oublier l’importance de maitriser l’assurage en mouvement.
La traversée du Mouchillon (AD-), Belledonne
Plus sauvage que les courses décrites précédemment, la traversée des Pointes du Mouchillon (2347m) est une course d’arête fort sympathique dans le nord du massif de Belledonne, se prêtant là-aussi à une initiation à l’alpinisme. L’itinéraire est évident, et suit tout le temps le fil, en gravissant les pointes successives. L’arête se protège avec quelques friends, dans du rocher plutôt bon, et avec des passages photogéniques au-dessus des lacs des Sept-Laux. Une fois arrivé au col de l’Isle, il est possible d’enchainer avec l’arête NW du Rocher Badon (AD+), mais il s’agit là d’une longue journée en montagne réservée à des cordées entraînées.
Autres idées :
Avec ses quatre massifs, Grenoble ne manque pas de variété de terrain de jeu alpin. Les courses d’arêtes présentées ci-dessus ont chacune leur charme, et constituent une porte d’entrée intéressante dans l’univers de l’alpinisme rocheux. Il existe néanmoins des courses plus faciles, à la limite entre l’alpinisme et la randonnée technique, comme la très fameuse traversée du Néron (F, 3a max), ou la plus confidentielle arête à Jojo (PD+, 3c max), toutes les deux en Chartreuse. Les amateurs d’ambiances alpines et les alpinistes déjà autonomes trouveront leur bonheur en Belledonne, avec quantité de courses intéressantes dans le niveau AD+ : arêtes du Fort, traversée Agnelin-Toit-Pyramide, traversées des Aiguilles de l’Argentière… et en morceau de choix, la traversée du Grand Pic de Belledonne, une course incontournable de Belledonne avant d’envisager des objectifs dans les « grands massifs ».

De nombreux itinéraires autour de Grenoble permettent de s’initier à la course d’arêtes – ©Boris Pivaudran
Bref, l’alpinisme de proximité isérois offre un très beau réservoir de courses pour tous ceux souhaitant faire leurs premières armes en alpinisme rocheux !
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