Il est des endroits dont on ne se lasse jamais. Le massif des Ecrins en fait partie. Voici le récit d’un voyage à 3800m d’altitude entre les sommets du Pavé et de la Meije Orientale, l’occasion de tester le dernier prototype de notre future collection ProClimb.
Lundi 30 juillet, 3h45 du matin. Le clair de lune est si intense qu’on y voit comme en plein jour. Nous pouvons marcher de nuit dans les éboulis sans lampe frontale. Nous nous apprêtons à faire l’ascension du Pavé (3823m), un des principaux sommets du nord des Ecrins. Il fait environ 5°, une température bien clémente pour l’altitude.
L’après-midi de la veille nous sommes montés au refuge du Pavé, petite bicoque métallique au bord d’un lac glaciaire à 2800m, sous une chaleur caniculaire. Le refuge du Pavé initial a été rasé par une avalanche quelques mois à peine après sa construction en 1970. La cabane qui servait au chantier est donc devenu l’actuel refuge ! L’exiguïté rapproche, et les cordées passent la soirée à échanger joyeusement autour de l’unique table.

Le lac du Pavé, un peu de fraicheur un jour de canicule ! – ©Masherbrum

Le refuge du Pavé au clair de Lune : on y bronzerait presque ! – ©Masherbrum
Outre le fait de réaliser une traversée alpine dans un cadre grandiose, notre objectif est également de mettre à l’épreuve le dernier prototype de la collection ProClimb, pour laquelle nous développons un nouveau tissu depuis plus d’un an. Avec cette collection nous voulons créer des vêtements éco-responsables à haut niveau de performance pour les sports de montagne. Une ascension comme celle-ci est l’occasion de tester le confort du vêtement à l’usage, ainsi que sa régulation thermique, compte-tenu du large gradient de température entre le fond de vallée et les sommets qui flirtent avec les 4000m.
Le jour n’est pas encore levé que nous atteignons le col du Pavé (3554m), après avoir remonté un petit glacier et un couloir de neige. Au pied de la face ouest du Pavé, nous avisons un des différents couloirs rocheux qui semblent converger vers la cime. Celui-ci se révèle ne pas être celui de la voie normale, mais il mène tout aussi bien au sommet. L’escalade est facile mais demande de l’attention car de nombreuses pierres sont en équilibre instable.
A 6h50 nous contemplons avec émerveillement l’embrasement général du massif, depuis le sommet du Pavé, 1000 mètres au-dessus du refuge. Le soleil rasant fait ressortir tous les contrastes sur les grands sommets des Ecrins et les massifs de la Vanoise, du Queyras, des Cerces, et même du Mont-Blanc. Mais pas question de lézarder, il nous reste encore à traverser toutes les arêtes jusqu’à la Meije Orientale.

Premiers rayons sur la Barre des Ecrins (4102m) – ©Masherbrum

Les arêtes menant à la Meije Orientale, avec à gauche la face sud de la Meije – ©Masherbrum
Afin d’éviter un rappel et donc gagner du temps, nous nous lançons dans une désescalade qui se révèle assez délicate. Nos coinceurs, dont nous n’avons pas fait usage jusqu’ici, nous sont bien utiles pour assurer le passage. Pour le reste, nous progressons rapidement en corde tendue, tantôt sur le fil de l’arête, tantôt en contrebas. Le terrain est branlant et nous envoyons valser à plusieurs reprises des gros blocs dans le vide. Les impacts des rochers dans leur chute dégagent une forte odeur de poudre.
A 8h45 nous nous trouvons au sommet de la Meije Orientale (3891m), formidable belvédère sur les autres sommets de la Meije et notamment le Doigt de Dieu (3973m). Avec les fortes températures annoncées pour la journée, nous nous réjouissons de ce qu’il soit encore tôt et que la neige n’ait pas encore ramolli. Mais la journée n’est pas encore finie : il faut encore descendre l’arête NE et le glacier jusqu’au refuge de l’Aigle, puis les grands champs d’éboulis jusqu’au fond de vallée, pour 2100m de dénivelé négatif d’une traite. C’est là qu’on troquerait volontiers les chaussures rigides d’alpinisme pour une paire de baskets !

L’ascension est jalonnée de quelques ressauts de difficulté modérée – ©Masherbrum

Descendre de la Meije Orientale, c’est au moins aussi long que d’y monter ! – ©Masherbrum
Bilan du test
Le test de ce dernier prototype est très prometteur et nous confirme que nous avions eu raison de faire évoluer le tissu par rapport à nos précédents essais en laine mérinos. Ce nouveau tissu ProClimb est constitué d’un mélange de deux fibres végétales et une fibre synthétique recyclée, une association qui apporte une régulation thermique à la hauteur du mérinos tout en offrant un confort supérieur. Nous avons apprécié le fait de n’avoir aucune irritation ni aucune sensation de frottement après des heures d’activités avec un gros sac à dos. Le vêtement se fait presque “oublier” !

Allier confort, performance et éco-responsabilité, c’est le défi de la future gamme ProClimb – ©Masherbrum