Sommet mondialement connu, emblème des chocolats Toblerone, le Cervin représente la montagne triangulaire parfaite, tout droit sortie d’un dessin de Samivel. A 4478m, il fait partie de ces sommets qui ont marqué l’histoire de l’alpinisme. Après avoir gravi en 2018 l’arête du Lion versant italien, notre ambassadrice Anaïs Barbeau nous emmène découvrir l’arête du Hornlï, versant Suisse, à travers son ascension réalisée en septembre 2021.
Le Cervin – Matterhorn – ou le caprice du coeur ! Voici mon histoire avec ce sommet …
Il y a des montagnes qui vous enivrent, des altitudes qui vous fascinent. Avec le Cervin, ce fut comme un coup de foudre. Le charme immédiat. Une histoire qui vous emballe, palpitante, intense et brève.
Le Cervin, je le désire depuis ce jour où je l’ai vu en image, au commencement de ma vie montagnarde. Alors je l’ai étudié, et regardé sous toutes ses formes. C’était parti pour l’ivresse…
Septembre 2018, arête du Lion (D), versant italien
La ligne italienne est si belle, si sauvage et aérienne. Sur cette arête austère, je me rappellerai pour toujours cette face nord-ouest faite de neige, de rocher et de glace, mais aussi l’ombre gigantesque du géant projetée 2000 mètres plus bas sous mes pieds.
Difficile de mettre des mots sur mes ressentis à cet instant. Les émotions sont fortes et indescriptibles. Ce jour-là, j’ai senti pleinement l’adversité qui règne ici.
Mais cette montagne m’accueille pour quelques heures, et je savoure pleinement ces moments d’euphorie. Ensuite il faudra s’en aller, partir à regrets, avec un sentiment d’abandon.
Je me souviens qu’à l’époque il m’avait fallu quelques jours pour atterrir et reconnecter avec le quotidien…
Le Cervin, je ne l’ai pas vraiment oublié depuis. Il y a pourtant tant de sommets à découvrir, tant de rêves à assouvir, mais voilà, le joyau est encore là et il me prend aux tripes.
Trois années plus tard, je me prépare pour une nouvelle ascension.
Septembre 2021, arête du Hörnli, versant suisse
Même si le sommet m’est déjà familier, l’exaltation est toujours au rendez-vous. L’arête du Hörnli est bien différente de celle du Lion, tellement moins sauvage. Peu importe, je dois m’imprégner de l’ambiance actuelle.
Cela n’empêche pas de vivre des moments de magie comme lorsque le soleil apparaît dans cette immense face est, et que tous les sommets vous enivrent de bon(ne) heur(e).
Ce côté est plus ensoleillé et plus chaleureux que l’arête du Lion. Tout est bleu, limpide et fluide. La neige fraîchement tombée vient compléter le décor. Au sommet, à peine le temps de savourer le paysage qu’il faudra déjà s’en aller.
Le retour sera une nouvelle fois âpre. L’esprit encore perché là-haut, l’atterrissage m’est toujours aussi douloureux. Tout me paraît fade et peu intéressant à côté.
Du Cervin, je ne suis pas revenue tout à fait comme avant. Ce sommet est pourvu d’une âme profonde. La vérité est qu’une partie de moi est restée accrochée là-haut…”