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Industrie de la mode et pollution : les vérités

La Journée Mondiale de la Terre est l’occasion de faire un petit point sur la réalité la filière textile : quel constat et quelles solutions pour une industrie de la mode plus durable ?

 

Par Manon Berthezene, élève ingénieur textile en stage chez Masherbrum.

 

Le 16 mars dernier, les gilets jaunes n’étaient pas les seuls à défiler dans la rue : 350 000 personnes se sont réunies en France lors de la Marche du Siècle pour le climat. Cet événement a été principalement porté par une jeunesse déterminée à faire réagir nos dirigeants sur l’urgence climatique qui nous concerne et qui se relaie bien au-delà des frontières du pays. Toutes ces revendications font écho aux origines de la Journée Mondiale de la Terre, lancée par un sénateur américain pour encourager les étudiants à la sensibilisation environnementale et célébrée pour la première fois le 22 avril 1970.

Alors entre respect de l’environnement, lutte contre le réchauffement climatique et sauvegarde de la biodiversité, comment tous ces nouveaux enjeux sont-ils liés à l’industrie textile ? Entre deux chocolats (pas la peine de nier, on sait, vous êtes gourmands) on vous dit tout !

Partons tout d’abord d’un constat simple et plutôt alarmant : l’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, après celle du pétrole et devant celle des transports. Les chiffres parlent d’eux-mêmes quand on sait qu’1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre sont émis chaque année par cette industrie et qu’il faut en moyenne 2 500L d’eau pour produire un t-shirt en coton. En considérant le cycle de vie d’un produit et ses différents stades, on se rend compte du long cheminement que celui-ci effectue avant de pouvoir être utilisé par le consommateur, où chaque étape a son propre impact sur l’environnement. Ces différentes étapes se subdivisent en deux catégories :

  1. Les phases de « pre-consumer », en amont de la consommation, pouvant être très polluantes en fonction des matières premières choisies (on ne vous ressortira pas le discours sur la culture du coton… !), des produits chimiques utilisés pour les traitements de la matière, la teinture et les finitions, ou encore des moyens de transport utilisés
  2. Les phases de « post-consumer », concernant toutes les étapes se produisant après l’achat (utilisation, entretien, fin de vie) et qui se révèlent d’autant plus polluantes que les premières en sachant que seulement 1% des textiles est aujourd’hui recyclé et que le lavage de vêtements synthétiques peut relâcher jusqu’à 500 000 tonnes par an de micro-particules de plastique dans les océans, soit l’équivalent de 50 milliards de bouteilles plastiques

La culture du coton conventionnel consomme énormément d’eau et de pesticides

Pour réduire le lourd impact environnemental de l’industrie textile, deux angles d’attaque sont alors envisageables. Le premier concerne les acteurs se situant dans la partie « pre-consumer », c’est-à-dire tous les producteurs de fibres, les filateurs, les tricoteurs, les tisseurs, les teinturiers, les confectionneurs et les marques proposant leurs produits. Pour entrer dans une démarche écologique, nous avons fait le choix de ne travailler qu’avec des vêtements éco-conçus produits à partir de fibres responsables et dont la transformation jusqu’au produit fini limite l’impact sur la nature. Par exemple, notre collection Ultrasoft (qui vient d’accueillir un petit nouveau, le massif de la Vanoise !) est composée d’un mélange de coton biologique labellisé qui utilise 71% moins d’eau et 62% moins d’énergie que le coton conventionnel, et de TENCEL™ Modal, une fibre issue du bois de hêtre dont la production est neutre en émission de gaz à effet de serre et n’utilise que des intrants écologiques qui sont ensuite recyclés à 99%. Dans notre cas il reste encore la question du transport à régler, car la confection est, pour l’instant, faite à l’étranger. C’est notre objectif d’amélioration à court terme. Pouvoir proposer des vêtements de qualité à prix abordable et respectant une conception la plus éthique possible est un réel défi pour les marques. Ce défi n’est pour l’instant n’est quasiment pas du tout relevé par les grands acteurs de l’industrie de la mode. Mais chez Masherbrum nous nous en sentons capables !

 

Par ailleurs notre future gamme technique PROCLIMB (en précommande dès le 21 mai !) sera elle aussi composée à 100% de fibres éco-responsables. Elle sera entièrement conçue dans l’Union Européenne. Les vêtements sont actuellement en cours de fabrication.

Le deuxième angle d’attaque concerne les acteurs de la partie « post-consumer », c’est-à-dire nous tous, les consommateurs. En faisant le choix de se tourner vers des marques éco-responsables jouant la carte de la transparence, une véritable « Fashion Revolution » s’est récemment mise en place. C’est ainsi toute la chaîne de valeur du textile que les consommateurs peuvent remettre en question et bousculer. Nous les consommateurs pouvons également choisir d’étendre la durée de vie du produit à son maximum. Pour cela, quelques gestes simples et de nouvelles habitudes suffisent. Par exemple, adopter des méthodes d’entretien raisonnées (préférer un lavage à 30°C et un séchage à l’air libre, etc.), réparer nos vêtements plutôt que de les jeter à la première déchirure, leur donner une seconde vie, les ramener à des associations comme Emmaüs ou La Croix Rouge, les jeter dans des conteneurs spécifiques pour alimenter la filière de recyclage du textile.

 

Plein de vêtements sont remisés alors qu’ils pourraient être facilement réparés

D’ailleurs, chez Masherbrum nous sommes convaincus que chaque petit geste compte et que tous ensemble nous pouvons évoluer vers des pratiques plus respectueuses pour notre environnement. Alors pour continuer la godille dans nos montagnes enneigées, nous pouvons poursuivre nos efforts en agissant au quotidien en tant que « consom-acteurs citoyens » !