Avant d’être une pratique outdoor, le bivouac est un état d’esprit, voire un mode de vie. La pandémie de Covid-19 aura eu pour effet indirect de remettre cette pratique en lumière durant l’été 2020, au point que le bivouac soit aujourd’hui devenu une réelle mode. Dormir à l’air libre pour favoriser la distanciation physique et ainsi éviter de s’entasser dans des dortoirs et cabanes. Petit guide pour répondre à l’appel des grands espaces !
Il existe autant de sorte de campements éphémères que de pratiques : sous tente (légère), à la belle étoile, en bord de plage, au fond du jardin, en famille, en moyenne montagne, improvisé, en haute montagne, en paroi, en rando-kayak, à vélo, en bord de rivière, en plaine, en vallée, sous terre…
La pratique du bivouac consiste donc à porter avec soi le (strict) nécessaire, pour passer une nuit à l’extérieur en autonomie. C’est à dire de quoi manger et dormir. A chacun d’évaluer son niveau de confort exigé en gardant à l’esprit qu’il faudra porter l’ensemble sur son dos !
Il est vrai que dormir en pleine nature, la tête dans les étoiles avec le ciel pour oreiller n’a pas son pareil pour retrouver son instinct animal. Sur terre, en mer, en forêt, en prairie alpine, sur neige, on sent facilement souffler un vent de liberté sur notre campement sommaire mais plus encore, on sent l’Aventure !
Cette pratique impose une grande capacité d’adaptation. Lors de bivouacs sportifs plus techniques, l’organisation prend tout son sens au même titre qu’un navigateur s’engageant dans une transat et organise son carré, mini-espace de vie le temps d’un voyage sur l’océan. Mais attention de ne pas tomber dans le piège du tout est utile ! Il faut trouver le bon compromis entre le confort, les accessoires essentiels et le poids.
C’est effectivement là que tout se joue : le poids. Selon l’activité dans laquelle vous aurez à bivouaquer, il ne faut surtout pas perdre de vue le transport de celui-ci et porter une attention particulière sur son volume et son poids. Quelques essais et erreurs sont souvent nécessaires avant d’être tout à fait réglé et de savoir adapter le confort de votre bivouac. En effet les priorités ne seront pas les mêmes si vous partez en bivouac rando-famille, en bivouac rando-vélo ou en bivouac alpinisme.

Les bivouacs : avant tout l’occasion de vivre des moments contemplatifs – © Morgan Danvel
Le bivouac et ses réglementations
Bien que l’on ressente un sentiment de liberté par cette pratique, il n’en reste pas moins que le bivouac n’est pas totalement libre sur l’ensemble de la planète et qu’il existe bien souvent une réglementation vous autorisant ou non à installer votre campement de fortune. En France, les forêts domaniales, les Réserves Naturelles, les Parcs Nationaux et les Parcs Naturels Régionaux ont chacun leurs réglementations propres. Et il en est de même pour le littoral. Par exemple dans les Parcs Nationaux des Ecrins, du Mercantour et des Pyrénées le bivouac est autorisé tant qu’il est à plus d’une heure de marche des limites du parc ou d’un accès routier, et uniquement entre 19h et 9h. Nous vous invitons donc à vous renseigner auparavant auprès des collectivités et autorités compétentes. Pour le reste, le bivouac est autorisé partout où il n’est pas interdit !
Le bivouac et sa bonne conduite
Il doit être fait dans le respect de l’environnement naturel dans lequel vous évoluez. A l’inverse du camping sauvage, le bivouac est par nature éphémère (une nuit) et doit se fondre dans la nature : vous ne devez laisser aucune trace de votre passage. Donc on remplace le feu au sol par un réchaud à gaz, et on ne laisse rien sur place lorsqu’on lève le camp.

La voie Lactée comme plafond – © Morgan Danvel
Le bivouac et son matériel
Ayez à l’esprit d’être minimaliste, vous verrez finalement que vous n’aurez pas besoin de grand chose pour vivre des moments exceptionnels et qu’un même objet peut servir à bien des actions. Pensez pluri-utilité ! C’est finalement très reposant de ne pas avoir le choix.
Sans vouloir rentrer dans le détail technique de chaque objet, voici une liste non exhaustive, à adapter fonction des prévisions météo, de votre activité et lieux de bivouacs projetés :
- Pour dormir : une tente, un tarp ou à la belle étoile. Un duvet (plume ou synthétique, à choisir fonction des températures auxquels vous serrez confrontés), éventuellement un sur-sac, matelas de sol, frontale, moustiquaire légère.
- Pour manger : les lyophilisés restent un compromis imbattable en terme de légèreté et rendement calorique, un Jetboil (pour faire bouillir l’eau) ou une popotte light (pour cuisiner), réchaud+gaz, pare-vent, couverts, bol+tasse.
- Pour s’hydrater : pensez à avoir un contenant compressible pour s’approvisionner et transporter l’eau depuis le point d’eau jusqu’à votre bivouac
- Pour s’habiller : ne perdez pas à l’esprit que les nuits sont évidemment plus fraiches qu’en journée mais aussi que vous aurez fait un effort et que votre confort sera sommaire. Aussi on ne peut que vous encourager à prévoir une petite paire de gants, bandeau/bonnet, doudoune… afin de garder au maximum votre chaleur corporelle. Et ce même en plein été. Question premières couches, un t-shirt manches longues PROCLIMB est votre compagnon de confort, tout en limitant les mauvaises odeurs après plusieurs jours d’excursion.
- On n’oubliera évidemment pas la pharmacie, une couverture de survie (utile parfois pour s’isoler du sol), un protège-pluie pour le sac à dos, téléphone portable avec GPS…
Il existe désormais de nombreux partages d’expériences sur la toile et notamment des groupes Facebook. A ce titre nous pouvons que vous conseiller de vous rapprocher des groupes Le Bivouac (conseils rando, trek et alpinisme) ou Trek, Bivouac & Matos où le partage d’infos pratiques et d’idées de randos/bivouac, sont multiples et dans lequel la bienveillance est le maître mot !

Mettre le réchaud derrière un muret pour l’abriter du vent – © Morgan Danvel
Astuces du bivouaqueur
- équipez-vous de pastilles de purification d’eau ou d’un filtre à eau,
- munissez vous d’un pare-vent (en aluminium) pour votre réchaud, et utilisez-le dans une zone abritée du vent,
- pensez aux sacs étanches pour conditionner vos affaires personnelles pour éviter d’être humide,
- prévoyez un contenant compactable pour transporter de l’eau si le point d’eau n’est pas à proximité de votre bivouac…
- écourtez les journées de marche par rapport à vos habitudes du fait que vous avez votre maison sur le dos ! Le poids ne permet pas d’être rapide même si vous êtes sur un mode bivouac light.
- glissez vos chaussettes mouillées de la veille entre deux feuilles de journal et dormez dessus pour les faire sécher,
- isolez-vous du sol via une bâche étanche,
- munissez-vous d’une VRAIE couverture de survie : grande et épaisse, bien plus efficace que la plus part des produits du marché,
- choix de l’emplacement : le lac fait rêver mais devient une véritable fosse à humidité et à moustiques, préférez les hauteurs (à l’abri du vent) et anticipez le lever du soleil.

Un sommeil réparateur après une journée de marche – © Morgan Danvel