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Le Mont-Blanc en mode éco-responsable

À la fin du XVIIIème siècle, les pionniers ont conquis le sommet du Mont Blanc sans l’aide d’aucun moyen mécanique. Pourtant aujourd’hui, l’immense majorité des prétendants au toit de l’Europe utilise un train ou un téléphérique. Dans cet article, Yann nous emmène pour une ascension du Mont Blanc en cinq jours en mode éco-responsable, à contre-courant d’une pratique de la montagne toujours plus rapide et mécanisée.

Réaliser une grande traversée au coeur du massif du Mont-Blanc, en passant par le sommet des Alpes à 4808m, et le tout sans utiliser de remontée mécanique ? C’est le projet d’envergure que nous vous racontons ici.

En cinq jours, on remonte à pied l’immense “Vallée Blanche” en partant depuis la vallée de Chamonix, on fait l’ascension des “Trois Mont Blancs”, et on redescend par la voie du Goûter jusqu’en fond de vallée.

Pour réaliser cette traversée, il faut avoir les moyens de prendre le temps de vivre, ce qui devient un véritable luxe sociétal.

Ce projet peut très facilement s’inscrire dans une démarche de mobilité douce en imaginant une venue à la capitale de l’alpinisme par différents moyens de transports : co-voiturage, vélo, bus, train. Chamonix est une ville relativement bien desservie, et vous n’aurez aucun mal à vous y rendre en transports en commun.

Un peu de contexte

Après un siècle d’observations, de craintes, de tentatives et de spéculations, le sommet du Mont Blanc tant convoité est enfin foulé par Jacques Balmat et Michel Paccard, le 8 août 1786. Cette date marque le début de l’histoire de l’alpinisme. Il faut imaginer l’entreprise que cela fut pour ces hommes à l’époque : l’absence de connaissance du milieu, d’outils adaptés mais également de moyens mécaniques pour les épauler dans leur ascension. Effectivement à cette époque point de téléphérique, de train à crémaillère, tout se parcourt à pied et à dos d’homme.

Aujourd’hui nous nous autoriserons l’utilisation des refuges de haute-montagne et de leur logistique, sans lesquels nous aurions bien du mal à tenir un tel projet, bien que cela puisse se réfléchir et se défendre.

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J1 : entrée dans la haute-montagne

La première journée de l’ascension est incontestablement la plus marquante. Elle consiste à atteindre le refuge du Requin (2516 m) depuis la vallée. Elle présente un contraste très net : on passe de l’univers confortable et verdoyant de la vallée, à l’univers rude et solitaire de la haute montagne. Selon nos capacités physiques, il est envisageable, voire raisonnable, de passer la première nuit à l’hôtel-refuge du Montenvers.

Au départ du lieu-dit “Les Bois” (1076 m, hélistation du PGHM), on emprunte le chemin de la Filia, puis celui de la Vallée Blanche. On rejoint la gare d’arrivée du Montenvers, terminus de ce train à crémaillère qui déverse son flot d’alpinistes et de touristes. Certains sont à la recherche de sommets, d’autres viennent admirer la “Mer de Glace” et la face ouest des Drus.

C’est un endroit remarquable pour prendre conscience de l’ampleur du réchauffement climatique, de notre impact sur l’environnement naturel et du recul glaciaire, avec une Mer de Glace dont le recul spectaculaire ne saurait être nié même par le plus farouche des climato-sceptiques. Ce passage obligé donne du sens à la conquête du Mont Blanc de manière éco-responsable.

Après avoir traversé la gare et descendu quelques barreaux d’une échelle vertigineuse on pose enfin le pied sur le glacier. L’aventure commence !

On remonte au mieux la Mer de Glace jusqu’à la séparation entre le glacier du Tacul et celui de Leschaux. La branche de droite nous amène au pied de la montée du refuge du Requin, perché à 2516m, via quelques barreaux. Il est préférable que l’enneigement soit correct et de ne pas être trop tardif en journée pour traverser les différentes zones mouvementées du glacier. Le refuge du Requin fait partie de ces refuges faisant la liaison entre la vallée et l’univers de la haute-montagne.

J2 : incursion en Italie

Le lendemain, 950m de dénivelé positif sont au programme pour rejoindre le refuge Torino à 3462m d’altitude. Cette randonnée glaciaire se déroule d’abord en rive gauche du glacier. Il n’y a pas trop de problème technique si ce n’est qu’il faudra être attentif à l’évolution du glacier et des crevasses, notamment au départ du refuge et lorsqu’on rejoint l’itinéraire de la traversée de la vallée blanche.

Au refuge Torino vous êtes en Italie, l’accent est chantant et le refuge parfois un peu bruyant. De sa terrasse on admire le versant sud du Mont Blanc avec ses courses mythiques comme l’intégrale de Peuterey. D’ici les alpinistes partent pour la traversée des Grandes Jorasses, la Dent du Géant, la Tour Ronde ou encore la Küffner.

J3 : traversée de la vallée Blanche

Le troisième jour consiste à rejoindre le côté français par la traversée de la vallée blanche via le glacier du Géant et de passer la nuit au refuge des Cosmiques (3613m). Bienvenue en France ! Là encore peu ou pas de difficulté technique sur cette journée, seule une zone très mouvementée nécessite d’ouvrir les yeux et d’opter obligatoirement pour un encordement long.

Autour des Cosmiques, il y a une grande variété d’activités de montagne, allant de l’escalade rocheuse en face sud de l’Aiguille du Midi, aux itinéraires mixtes du triangle du Tacul, en passant par les lignes de ski de pente raide, et à l’ascension du Mont Blanc par les trois Monts : Tacul-Maudit-Blanc.

Ces deux journées permettent de s’immerger en douceur dans l’univers de la haute-montagne, de s’acclimater, d’appréhender le milieu, de se reposer en refuge l’après-midi et de profiter du voyage avant l’assaut final.

J4 : summit day !

Il est indispensable d’avoir une bonne météo pour envisager sereinement l’ascension du toit des Alpes depuis le refuge des Cosmiques.

Cette journée, au delà du fait d’être le point d’orgue de ce voyage en haute altitude, est certainement la plus technique, la plus longue, la plus physique et la plus exposée.

La plus technique car au cours de cette ascension il faut savoir maitriser toutes les techniques de cramponnage et de piolet, notamment pour atteindre le col du Mont Maudit et pour la descente de l’arête des bosses, ainsi que quelques manoeuvres de cordes.

La plus longue car il faut tabler sur une journée comprise entre six et huit heures de marche.

La plus physique puisqu’elle se passe en moyenne à 4000m toute la journée et parce que le dénivelé positif (D+ 1460m) comme le négatif (D- 1150m) est conséquent.

Enfin la plus exposée car le Mont Blanc du Tacul est parfois sujet aux chutes de séracs tout comme la traversée sous le Mont Maudit. Il faudra bien se renseigner sur l’état de la “voie des Trois Monts” avant d’envisager la traversée.

Le mur sommital, nommé Mur de la Côte, porte bien son nom à cette altitude élevée (4400m). Les quelques 400 derniers mètres vous séparant du sommet vous permettent d’apprécier toute l’ampleur de l’entreprise entamée quelques jours auparavant.

L’arrivée au sommet du Mont Blanc est souvent chargée d’émotions, elle le sera d’autant plus après l’avoir parcouru de cette manière, en traversée itinérante de façon éco-responsable !

S’ensuit la descente par la voie normale pour rejoindre le refuge du Goûter (3815m) en passant par l’arête des Bosses, l’abri Vallot et le dôme du Goûter. C’est la dernière nuit en haute-montagne avant le retour en vallée le lendemain.

J5 : la descente

Gardez de l’énergie pour ce dernier jour : le dénivelé négatif est important jusqu’aux Houches (D- 2800m). L’arête du Goûter et la traversée de son couloir restent des difficultés techniques et exposées pour lesquelles il faut rester concentré.

Une fois le refuge de tête Rousse atteint (3187m) le plus dur est derrière nous. De nombreux sentiers sont possibles pour rejoindre le village des Houches. A noter que celui des Rognes par le Dérochoir pour atteindre le col du Mont Lachat est vivement déconseillé en début de saison lorsqu’il reste des névés résiduels car il est dangeureux.

Cette longue descente aux Houches permet un atterrissage en douceur. Petit à petit le bruit de la vie en vallée nous rattrape. La glace, la neige, le granite laissent la place à l’herbe verte, à la terre, aux sapins et à la chaleur estivale.

Le retour à la vie du monde d’en bas demande un temps d’adaptation, tel un poisson retrouvant l’aisance dans l’eau après en avoir été privé.

Ne vous inquiétez pas cela revient vite, très, trop vite !

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Conseils/informations

– prendre en compte la météo annoncée avant le départ pour la totalité du séjour

– se renseigner des conditions montagne : accès au refuge du Requin, état de la traversée au refuge Torino et de la vallée Blanche, état du Mont Blanc du Tacul et du Mont Maudit, état du couloir du Goûter,

– prévoir le strict minimum dans votre sac : le textile nécessaire pour la haute altitude selon les conditions météorologiques annoncées (moufles, masque de ski, grosse doudoune, veste gore-tex, collant thermique au besoin, guêtres, chaussures+chaussettes thermiques, frontale), quelques serviettes intimes pour une toilette de chat, le matériel technique individuel pour la sécurité sur neige et glacier

– prévoir une application gps pour téléphone afin de s’orienter ainsi qu’une banque d’énergie externe

– s’hydrater généreusement avant et pendant le séjour afin de faciliter l’acclimatation

– partir reposé pour ce long voyage d’altitude

– il est possible de se doucher au refuge Torino (se renseigner)

– depuis l’arrivée aux Houches, vous pouvez facilement rejoindre le départ à Chamonix par le train Mont Blanc Express

 

Texte et photos : ©Yann Romaneix & Boris Pivaudran

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