Juillet 2020, alpage de Peyre Moutte, Hautes-Alpes. Des lignes de barbelés à demi-enterrés et divers débris métalliques jonchent le sol de cette ancienne zone militaire. Deux jours plus tard, les 60 bénévoles de l’association Mountain Wilderness ont retiré plus de dix tonnes de déchets de la zone. Récit d’une opération nettoyage !
Le rendez-vous est donné vendredi soir, au refuge des Fonts de Cervières, niché à 2000m d’altitude au coeur d’un grand vallon verdoyant. Ce décor bucolique ne laisse pas imaginer que cette zone stratégique à la frontière franco-italienne ait été le théâtre d’affrontements lors de la Seconde Guerre Mondiale. Indiscernables au premier abord, de nombreux bunkers parsèment le vallon, reliquats de la ligne Maginot.

Depuis la Seconde Guerre Mondiale, des lignes de barbelés zèbrent l’alpage de Peyre Moutte – ©Monika Glet
Mais le combat qui nous anime aujourd’hui est entièrement pacifique : il s’agit de nettoyer le secteur des grandes quantités de barbelés de cette époque, qui présentent un danger pour la faune locale et pour les brebis. Comme nous aurons pu le constater, malgré leur rouille ils n’ont rien perdu de leurs pics acérés, et les bénévoles ayant opté pour le short seront quittes pour la décoration “mollets rayés”.
Samedi 7h du matin. Nous sommes tous au départ du sentier menant à l’alpage de Peyre Moutte. Nous nous répartissons les charges d’outils sur les sacs-à-dos : pinces monseigneur, barres à mines, pioches, piolets. Ca va ferrailler sec !

Les troupes à l’assaut – ©Monika Glet
Depuis 20 ans qu’ils mènent des chantiers de nettoyage dans le cadre de leur opération “Installations Obsolètes”, les encadrants de Mountain Wilderness sont rôdés. Nous sommes répartis en équipes de 7-8 personnes, chacune chargée d’un secteur. Les âges sont variés : de 20 à 70 ans, mais tout le monde met du coeur à l’ouvrage.

©Monika Glet
Les barbelés sont particulièrement ardus à extraire du sol. Depuis 80 ans qu’ils sont là, ils se retrouvent à moitié enterrés et pris dans les racines des genévriers. Au fil des années, les bergers et les habitants en ont rassemblés une partie en gros tas diablement emberlificotés, dont certains font plusieurs centaines de kilos. Nous récupérons aussi des cornières métalliques profondément fichées dans le sol. Peu à peu nous affinons nos techniques d’extraction, à base de différents bras de levier, et mettons à l’épreuve notre esprit d’équipe.

Nous ne sommes pas trop de 6 pour porter ce tas – ©Monika Glet
Nous préparons de gros ballots d’environ 600kg chacun, que nous ficelons avec des cordes afin de les préparer pour le treuillage. Finir un ballot procure autant de satisfaction qu’il a fallu de sueur pour l’élaborer !

Préparation du ballot pour le treuillage – ©Boris Pivaudran
La soirée au refuge est l’occasion d’échanger avec ces bénévoles de tous horizons. Certains ont déjà participé à de multiples chantiers Installations Obsolètes à travers les Alpes. D’autres ont parcouru de grandes distances à vélo pour venir donner un coup de main.
Le dimanche nous nous répartissons en équipe sur de nouveaux secteurs, au-dessus du lac des Sarrailles. Il est impressionnant de constater la quantité de détritus métalliques laissés en place depuis de si nombreuses années, à fortiori dans un endroit si sensible par sa faune, sa flore et sa géologie.
Au bilan des deux jours, nous aurons extrait de l’alpage et envoyé chez le ferrailleur précisément 10120kg de déchets. Mais le travail est loin d’être fini sur place, et Mountain Wilderness prévoit d’organiser un nouveau chantier sur place.
En attendant la prochaine opération aura lieu les 8/9 août prochains dans le Parc National du Mercantour. Là-bas, plus de 184 tonnes de ferrailles ont déjà été retirées !
Informations sur la campagne Installations Obsolètes de Mountain Wilderness
Installations obsolètes – Agissez avec MW from Mountain Wilderness on Vimeo.