Imaginez un pays où vous pouvez grimper des cascades de glace au niveau de la mer dans un décor féérique… Nos ambassadeurs Antoine et Marie-Do sont partis à la découverte du monde de Narnia – pardon – de la région de Romsdal en Norvège !
A la base, ce sont deux alpinistes niçois qui veulent passer Noël non pas sous les palmiers comme d’habitude, mais sous la neige. Entre la Norvège et la Côte d’Azur un seul point commun : la mer, omniprésente de tous côtés.
Pour le reste, le dépaysement est total. Il faut déjà imaginer atterrir dans une tempête de neige, par -17°C. Ensuite, rouler pendant cinq heures dans un paysage immaculé jusqu’à rejoindre la petite ville d’Andalsnes, au bord de l’eau. Un endroit stratégique pour rayonner dans les différents fjords de la région de Romsdal, à la recherche des plus belles cascades de glace.
Jour 1: Juste une pause sur la route
En réalité, l’aventure commence avant même de poser les valises à l’Airbnb bien chauffé :
“Depuis la route nous avons vu sur de magnifiques cascades peu ou pas connues. Les infos ne sont pas nombreuses : ce n’est pas vraiment la région la plus touristique pour la cascade de glace en Norvège.
Nous repérons une belle coulée assez large, au-dessus du lac de Losna. Ni une ni deux, on décide de s’offrir un petit détour avant de rejoindre Andalsnes.
Après un peu de repérage du parking, le tracé est vite trouvé. Nous empruntons un bout de chemin aux abords d’une ferme et remontons droit vers la belle. Après 20 minutes de montée, la cascade se dresse devant nous, rideau de glace teinté de couleur bleue, bleue-verte, voire jaune par endroits.
C’est une belle entrée en matière. Il continue de neiger. Cela rajoute un peu de féérie pour nous, vrais Sudistes qui ne connaissons pas Noël sous la neige.”
« Un secret de polichinelle » : c’est le nom que trouvent Antoine et Marie-Do pour cette trouvaille, une envolée de 4 longueurs entre le 3+ et le 4 (dans la cotation dédiée à cette activité, voir notre article sur débuter en cascade de glace).
Jour 2: Skipsbaugen
Avant de plus amples explorations, il faut mettre la main sur le topo local. Heureusement, on trouve de tout au centre-ville d’Andalsnes ! Avec le précieux livre en poche, nos deux alpinistes peuvent choisir leurs belles lignes à gravir pour ces prochains jours. Marie-Do raconte :
“Ce matin nous jetons notre dévolu sur « Skipsbaugen », située entre Foss Bru et Skogagrova Foss. N’ayant ni véhicule rehaussé ni de bonne pelle, impossible de se garer le long de la route sur le parking initial. Antoine est allé stationner la voiture à deux kilomètres après m’avoir déposée avec les gros sacs !
Un coup de stop plus tard et il me rejoignait sur la marche d’approche. On s’enfonce parfois jusqu’à mi-cuisse, et la progression est laborieuse. Nous mettons une heure à atteindre le pied de la cascade au lieu de la demi-heure prévue.”

Antoine au départ de la dernière longueur, la nuit pointe déjà le bout de son nez… il est 15h !©Marie-Doha Truchot-Vannier
Les longueurs s’enchainent de difficulté croissante, jusqu’à un beau mur médusé vertical côté 5+.
Jours 3 et 4 : « Sjolaa » la cascade au-dessus de la grande bleue !
Si en France l’alpinisme et la cascade de glace sont associés aux hauts sommets, il existe dans cette contrée un alpinisme de bord de mer !
Grimper au-dessus de l’eau, c’est notre rêve ! Nous sommes habitués à l’escalade dans les Calanques, au ras de l’eau, mais en cascade de glace c’est une première !
Changer de verticalité maritime, troquer les envolées calcaires contre les rideaux de glace… c’est aussi un prétexte pour profiter des paysages uniques offerts par les fjords norvégiens (les endroits, pas les yaourts).
Nous profitons de notre journée de repos pour faire du repérage. « Sjolaa » a été parcourue récemment par des locaux, nous pensons qu’elle est encore en condition malgré le redoux qui frappe le pays. L’approche n’est pas des plus faciles car la route est coupée très loin de la cascade. Nous devons marcher deux heures pour en atteindre le pied !
Avec la douceur des températures (et oui, même en Norvège il peut faire positif en plein hiver), les conditions se détériorent. Un gros tube dans la cinquième longueur s’est effondré. De quoi rappeler que cette matière est par essence fragile et éphémère. Les deux grimpeurs ont emprunté un autre tube plus solide.
`
Jour 5 : « Lady de Beuclerk », l’approche de trop
Dernier jour et dernier objectif pour nos deux ambassadeurs. Marie-Do raconte :
Fatigués de la veille, le plan du jour est de ne pas trop marcher…mais cette lady est de trop !
En route nous avons presque envie de rebrousser chemin. Elle semble pourtant à portée de jambes…mais là encore on s’enfonce dans la neige jusqu’à la taille, avec en-dessous, des gros rochers piégeux. Disons que cette fois- ci les raquettes seraient les bienvenues mais, elles sommeillent gentiment dans le coffre de la voiture.
Heureusement le pied de la cascade est plus accueillant. Nous y laissons un sac et me voilà partie à m’essayer aux longueurs en tête. En second, j’arrive à suivre Antoine un peu partout, mais en tête c’est un autre programme ! Je pose des broches tous les mètres au début et ne suis pas trop sereine. Mais un peu têtue, je me lance !
Finalement aucun souci pour notre première de cordée, qui avale ces 140m de glace en 3+ max.