loader image
Quel est l’impact environnemental de vos produits outdoor ?

Vêtements techniques, baskets, sacs, skis, VTT… la panoplie matos d’un pratiquant de sports outdoor chiffre vite à plusieurs milliers d’euros. Mais qu’en est-il de son coût environnemental ? On vous aide à y voir plus clair et à faire les bons choix.

En tant que pratiquants de sports outdoor, nous sommes les témoins directs de l’impact humain sur les milieux naturels. Notre impact se détermine aussi par les produits qu’on achète.

Si on considère uniquement le critère du réchauffement climatique, un parmi les multiples autres critères tout aussi importants de l’impact humain, nos achats non-alimentaires représentent 16% de notre impact carbone*.

Nos achats matériels jouent ainsi un rôle significatif dans notre impact personnel.

Pour contextualiser, l’empreinte carbone moyenne de chaque français est aujourd’hui de 9,9T de CO2eq par personne, soit 5 fois plus que ce qui faudrait pour espérer limiter le réchauffement de la planète à +2°C d’ici 2100. C’est aussi 62% de plus que la moyenne mondiale, d’après les chiffres de l’Insee (2022). Bref, on est loin du compte. On rappelle au passage que même un réchauffement à « seulement » +2°C serait catastrophique pour l’ensemble de la biosphère, humains y compris. Nous sommes actuellement déjà à +1,2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

disparition mer de glace fonte glaciers alpes réchauffement climatique

Le retrait de la Mer de Glace à Chamonix est devenu un symbole de l’impact local du réchauffement climatique – ©Boris Pivaudran

Chez Masherbrum, on pense qu’au lieu de se débarrasser du sujet en rejetant la faute sur, au choix, les industries, les américains, les qataris ou les chinois, il faut d’abord commencer par balayer devant sa porte. Tout le système de croissance économique basé sur l’exploitation et la destruction des milieux naturels n’existe que parce qu’on lui donne les moyens d’exister, par nos choix individuels et collectifs.

On peut donc légitimement se demander s’il n’y a pas des moyens simples de diminuer notre contribution individuelle au réchauffement climatique, et de même pour les autres impacts de l’activité humaine sur le système physique terrestre (acidification des océans, extinction massive de la biodiversité, pollution de l’air, de l’eau, des sols, etc.)

Le sujet qui nous concerne, celui du matériel outdoor, vient rapidement sur la table car il s’agit d’achats pour le loisir, non vitaux par essence. D’après le cabinet Carbone4, ces achats pour le loisir ont un impact presque deux fois supérieur à celui de nos consommations électroniques.

bilan carbone materiel sport ski sac veste

Nos achats de matériel de loisir ont un impact significatif dans notre bilan carbone personnel – ©Masherbrum

Lorsqu’on est pratiquant passionné, il est normal de vouloir pratiquer son sport avec du matériel performant. Alors comment faire lorsqu’on veut s’équiper tout en ayant une consommation moins impactante ?

Il y a deux choix possibles. Le premier est de se tourner vers la seconde main. Ce comportement d’achat permet d’éviter une bonne partie des émissions en eq.CO2 par rapport à l’achat d’un produit neuf. Mais la seconde main peut aussi avoir tendance à pousser à la sur-consommation, en favorisant au maximum l’achat compulsif sur plateformes de type Vinted. Ce mode d’achat ne dispense pas d’avoir une réflexion sur la nécessité d’acquérir tel ou tel bien.

Le deuxième choix possible est de se tourner vers des produits alternatifs. Dans le textile, plusieurs marques comme Masherbrum s’engagent dans la slow-fashion, à l’opposé du consumérisme exacerbé. Il est en effet possible de proposer des produits en première main avec un impact environnemental largement inférieur à la moyenne du marché. Chez Masherbrum, nous y arrivons à travers différents engagements :

• L’engagement de travailler exclusivement avec des matières premières alternatives, c’est-à-dire soit issues de l’agriculture biologique certifiée, soit issues du recyclage, soit issues de cellulose de bois traitée avec des solvants recyclés à plus de 95% et biodégradables. Comme nous verrons plus loin, la sélection des matières premières joue un rôle primordial dans l’impact total du produit.

• L’engagement de travailler sous l’égide de labels éthiques et environnementaux reconnus. Par exemple, toutes nos matières Ultrasoft2, Proclimb2 et Proclimb3 sont certifiées Blesign®, un certificat très exigeant garantissant le plus haut degré d’utilisation responsable des ressources.

• L’engagement de privilégier au maximum les lieux de fabrications situés au sein de l’Union Européenne. On ne parle pas seulement de la confection (le fameux « made in XX »), qui est une étape minime, mais bien de l’ensemble de la chaine de transformation : matières premières, filature, teinture, tricotage, ennoblissement… Aujourd’hui il est très compliqué d’avoir des matières premières textiles provenant de l’Union Européenne. Par exemple chez nous, toutes les fibres de cellulose de bois que nous utilisons proviennent d’Autriche. C’est une garantie supplémentaire que ces étapes de transformation répondent à des normes environnementales plus strictes qu’ailleurs dans le monde.

• La redistribution d’une partie de nos bénéfices : c’est aussi un moyen d’action direct pour donner une utilité à l’ensemble du projet Masherbrum. Nous actions ont permis de financer directement des associations françaises engagées pour la défense des écosystèmes, comme l’association Duramen et l’association Mountain Wilderness.

masherbrum t-shirts eco-responsables

Les engagements pris au niveau global de la marque sont un moyen puissant de diminution d’impact – ©Masherbrum

Comment détermine-t-on précisément l’impact environnemental d’un produit outdoor ?

Ces engagements que peuvent prendre les marques, s’il sont suivis dans les faits, constituent une bonne indication pour orienter les choix en vue d’achats plus responsables. Mais parfois, l’impact environnemental n’est pas là où on le pense. Le vrai coût environnemental de chaque produit ne peut être estimé qu’à travers une Analyse de Cycle de Vie.

Le but de ces analyses est de chiffrer, pour chaque étape du cycle de vie d’un produit, les impacts générés sur l’ensembles des critères environnementaux. On prend donc en compte la consommation d’énergie, mais aussi l’ensemble des flux entrants et sortants pour chaque étape (produits chimiques, gaz, consommation d’eau, rejets de polluants…).

schéma analyse de cycle de vie acv vetement

Le cycle de vie d’un vêtement Masherbrum – ©Masherbrum

Ces étapes sont au nombre de cinq : la production des matières premières, la fabrication du produit, sa distribution (web, magasin…), son utilisation par le pratiquant, et sa fin de vie. Quelles sont les plus impactantes ? Voici quelques éléments de compréhension :

Les matières premières :

Pour la grande majorité des produits outdoor, c’est le choix des matières premières qui aura le plus gros impact sur le bilan environnemental du produit, indépendamment de toutes les autres étapes. C’est donc sur ce principal critère que vous pouvez orienter votre choix d’achat. Aujourd’hui, les fibres de carbone sont devenues omniprésentes dans les cadres de vélo, les skis de rando, les bâtons, et nombreuses autres pièces de matériel outdoor. Mais saviez-vous que la production d’un kilo de fibres de carbone est 7 fois plus émettrice de gaz à effet de serre que celle d’un kilo d’aluminium (par exemple pour fabriquer un cadre de vélo ou des bâtons de randonnée), et 108 fois plus émettrice que celle d’un kilo de fibres de verre (par exemple pour fabriquer des skis) ? La fibre de carbone est également beaucoup plus polluante sur l’ensemble des autres facteurs environnementaux, parfois jusqu’à un facteur 1000**. Donc sachez que si vous achetez du matériel à base de fibres de carbone, il sera vraisemblablement beaucoup plus polluant qu’un autre.

Dans le cadre du textile, la matière la plus polluante au regard du critère du réchauffement climatique est de très loin la laine. Donc non, un produit naturel n’est pas forcément plus vertueux. Pour en savoir plus sur les impacts de différentes matières textiles, nous vous invitons à consulter sur ce blog nos analyses comparatives réalisées avec Grenoble INP.

textile matières premières écologiques

Détail de la totalité des matières premières utilisées chez Masherbrum, en répartition par quantité – ©Masherbrum

Les étapes de fabrication :

De façon générale, ces étapes sont un peu moins impactantes que les choix de matières premières. Elles jouent néanmoins un rôle important dans le bilan global du produit, notamment pour le matériel outdoor nécessitant beaucoup de transformations (comme une paire de skis). La majorité de ces impacts environnementaux sont liés à la quantité d’énergie requise pour la fabrication, et la nature de cette énergie : provient-elle des énergies fossiles, du nucléaire, de l’hydro-électricité… ? De façon générale, un moyen simple d’acheter des produits moins impactants est de privilégier ceux fabriqués dans des pays possédant un mix énergétique faiblement carboné. On ne parle pas que de l’étiquette « made in XX » (ne concerne que l’assemblage final), mais surtout des étapes antérieures de transformation, qui sont les plus énergivores. En Europe, la France et la Suède font ainsi partie des pays avec le mix énergétique le moins carboné, au contraire de ceux utilisant encore massivement des centrales à charbon, comme l’Allemagne et la Pologne. Au niveau mondial, les chinois et les américains font partie des pires élèves, en dépendant tous les deux à plus de 80% des énergies fossiles. A éviter donc.

Le transport et la distribution :

Les modes de distribution et de transport n’ont qu’un impact marginal sur le bilan environnemental d’un produit (moins de 5% en moyenne). Ce n’est donc pas un critère prioritaire pour orienter ses achats. A choisir, vaut mieux un produit qui vient de loin, avec des matières premières alternatives et une fabrication vertueuse, plutôt qu’un produit plus local mais sans aucune considération sur ces autres aspects. Dans une économie très mondialisée, et des produits comportant des dizaines de composants différents, le concept de localisme est délicat à définir. Encore une fois, l’étiquette « made in XX » ne veut pas dire grand-chose. Cela dit sur l’aspect distribution, il est évident que vous aurez moins d’impact en faisant vos achats chez votre magasin outdoor habituel, ou chez une marque expédiant depuis un entrepôt local (le nôtre est situé à Grenoble), plutôt que sur Amazon ou Alibaba.

L’utilisation :

Etonnamment chez Masherbrum, nos analyses ont déterminé que la phase d’utilisation était la plus impactante dans le cycle de vie de nos vêtements. Cela s’explique en partie car nos produits sont peu impactants sur les phases de matières premières et de fabrication. Dans notre cas, la phase d’utilisation correspond aux lavages en machine et entretien courant du produit. Ces lavages ont deux types d’impact : la consommation d’énergie associée, et le relargage de micro-fibres dans les eaux-usées. Cette réalisation nous a poussé à travailler sur des produits nécessitant moins de lavages, notamment grâce aux fibres de bois qui limitent naturellement les mauvaises odeurs, permettant ainsi au produit d’être porté plusieurs fois. Un lavage raisonné de ses vêtements, et la non-utilisation d’un sèche-linge, sont ainsi des leviers important de diminution d’impact.

La fin de vie :

La fin de vie n’est pas un critère primordial dans le bilan d’impact des produits outdoor. Comme le transport, cela représente en général moins de 5% de l’impact total. La meilleure façon de limiter cet impact est d’utiliser les produits les plus longtemps possible, d’une part en achetant des choses durables (certaines marques sont connues pour faire des produits moins fragiles que d’autres), et d’autre part en réparant au maximum. Pour le textile, l’atelier Green Wolf en Haute-Savoie permet par exemple de réparer toutes sortes de vêtements déchirés, zips, clips de sac à dos, sacs de couchage, tentes etc… Votre matériel peut certainement durer plus longtemps que vous ne le pensez ! De la même façon, de nombreuses chaussures et chaussons d’escalade sont ressemelables chez des cordonniers spécialisés.

masherbrum tshirts massifs montagnes

Comprendre les enjeux est essentiel pour mieux choisir et mieux consommer – ©Masherbrum

En résumé

Avant d’acheter un produit outdoor, voici les 5 questions essentielles à se poser, par ordre de priorité :

  1. En ai-je besoin ?
  2. Est-il conçu avec des matières premières alternatives ?
  3. Vais-je pouvoir l’utiliser longtemps (et éventuellement le réparer) ?
  4. Sa fabrication est-elle économe en énergie ?
  5. Les pays dont il provient ont-ils une énergie faiblement carbonée ?

Si vous êtes arrivés jusque là, vous avez normalement une vision un peu plus précise des choses qui comptent lorsqu’on veut acheter un produit outdoor plus vertueux. Le changement de vos comportements permet aussi de soutenir des initiatives comme celle de Masherbrum et autres marques engagées, pour proposer une alternative aux mastodontes de l’industrie du sport outdoor.

Pour en savoir plus sur nos engagements, rendez-vous sur la page Notre Philosophie.

____________________

* Le reste est réparti comme ceci : 27% nos moyens de déplacement, 24% nos habitudes alimentaires, 19% notre façon de nous chauffer, et les 14% restants correspondent à la dépense publique (routes, hôpitaux…).

** Les sources de nos données proviennent de la base IDEMAT 2020.