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A skis sur le Mont Aiguille

Et si on allait skier sur le Mont Aiguille ? Il ne fallait pas plus que cette idée saugrenue pour réunir trois membres du #mashercrew, afin d’aller traîner les spatules sur cette forteresse rocheuse du Vercors !

©VD

Ce n’est pas pour rien si le Mont Aiguille a été le lieu de naissance de l’alpinisme en 1492… et qu’il fallut attendre 350 ans avant une seconde ascension ! Par sa situation et sa silhouette, il magnétise le regard depuis tout le Trièves. Aujourd’hui, ce formidable sursaut tellurique détaché du plateau du Vercors attire quantité de grimpeurs qui parcourent ses nombreuses voies d’escalade, au point qu’il y a parfois foule au sommet. Pourtant le Mont Aiguille en hiver c’est une autre paire de manches. Et surtout l’assurance d’être seuls au monde !

©VD

La journée débute par une montée à la fraîche en ski de randonnée. Rapidement, nous quittons les peaux de phoque et chaussons les crampons. Les premiers mètres d’escalade nous rappellent vite que grimper avec des skis sur le sac à dos, c’est comme faire de l’aquarelle avec des gants de boxe : les possibilités sont un poil limitées.

©Boris Pivaudran

Heureusement la voie normale n’est pas très dure, et nous progressons sans encombre en corde tendue. Elle louvoie astucieusement dans la paroi rocheuse, en évitant les plus grosses difficultés. Cependant avec la neige et la glace quelques sections sont devenues des goulottes et nous obligent à sortir le piolet.

©Robin Bar

Après une dernière section de terrain mixte, nous débouchons sur le plateau sommital. D’un coup nous retrouvons le soleil, et un relief débonnaire. Quel contraste avec le temps que nous venons de passer dans l’ombre et la verticalité ! Pour être honnêtes, plusieurs fois dans l’ascension nous nous sommes demandés ce que nous faisions ici avec des skis… Mais une fois là-haut, nous ne boudons pas notre plaisir de faire quelques virages sur ce plateau suspendu, avec la sensation exaltante d’un à-pic de plusieurs centaines de mètres de tous les côtés.

©Robin Bar

Robin est un habitué du Mont Aiguille, puisque c’est sa dix-septième fois au sommet. Lorsque depuis le pied il nous a montré notre future voie de descente – la voie des Tubulaires -, nous étions un peu dubitatifs quant aux possibilités de ski. De notre point de vue, pas un gramme de neige sur toute la paroi… La perspective se dévoile enfin depuis le haut : en réalité la muraille recèle en son coeur un beau couloir encaissé. Nous y accédons par un court rappel. Nous pouvons faire quelques virages dans cet improbable couloir suspendu dans la face.

©VD

Bien que la présence d’un fond glacé nous invite à la prudence, nous remontons skier la section en meilleure neige une deuxième fois pour en profiter plus longtemps. On ne vient pas tous les jours ici !

©Robin Bar

En bas du couloir, bien penser à ne pas continuer tout droit : c’est le plongeon assuré. Par une petite écharpe à main droite, nous rejoignons un sublime rappel en fil d’araignée de 50 mètres, au coeur d’une faille de calcaire.

©VD

Pour clore la journée, nous laissons quelques godilles dans une clairière fraîchement recouverte d’une petite poudre hivernale. Une aventure assurément dépaysante à deux pas de notre fief grenoblois !

©Boris Pivaudran