Un premier coup de blanc sur les sommets et ça y est les spatules démangent… Direction la Haute-Maurienne pour ouvrir la saison de ski de rando !
En début de saison les cailloux ne sont jamais loin… autant bien choisir son coin ! Contrairement aux montagnes de l’ouest des Alpes qui sont encore assez sèches, les massifs de la frontière franco-italienne ont reçu des précipitations conséquentes ; et malgré la douceur cela a apporté de la neige en altitude. Nous jetons notre dévolu sur le village de Bonneval-sur-Arc en Haute-Maurienne, qui semble avoir bénéficié des “retours d’Est” de début novembre.
Après une brève marche, skis sur le sac, l’épaisseur de neige se révèle suffisante pour monter en peaux de phoque. Notre objectif est d’aller passer la nuit au refuge des Evettes. Le temps est très couvert, et les prévisions ne sont guère encourageantes pour le lendemain. Mais après un été loin de la neige, notre motivation et notre moral sont eux au beau fixe !
En descendant depuis le petit sommet du Roc des Pareis (2641m), nous découvrons d’un coup notre refuge. Aucune trace humaine aux alentours : nous y serons tout seuls. Quel luxe !

Le refuge des Evettes en passe d’être enfoui sous la neige – ©Masherbrum
Toutes nos craintes s’envolent en constatant les généreuses quantités d’or blanc tombées à cette altitude. C’est sûr, nous allons vraiment pouvoir skier sans jouer à touche-cailloux !
Nous souhaitons faire une petite reconnaissance des lieux à skis, mais la première descente nous confirme que cela ne sera pas si facile : le “jour blanc” nous empêche de distinguer le relief du sol. Le ciel laiteux se confond avec la neige, et les flocons commencent à tomber. Tels des aveugles, nous skions en nous faisant surprendre par les bosses, les compressions, les talwegs. Nous avisons alors une petite pente nichée dans une zone rocheuse, et nous la gravissons. Etant donnée la mauvaise visibilité, skier près des rochers nous permet d’avoir un ancrage visuel et d’appréhender le relief du sol. Nous nous amusons ainsi jusqu’à la tombée de la nuit, sous le regard circonspect de deux bouquetins.

Remise en jambes sur les skis, ça faisait longtemps ! – ©Masherbrum
Nous avons peine à croire nos yeux lorsque le lendemain nous nous réveillons sous un grand ciel bleu. Cadeau inattendu ! Toujours seuls dans cette immensité blanche, nous choisissons notre objectif du jour : ce sera le col de la Disgrâce (3232m), sur la frontière franco-italienne.

On découvre enfin le paysage – ©Masherbrum

L’hiver est bel et bien arrivé en Haute-Maurienne – ©Masherbrum
Nous remontons un large vallon dont la pente se redresse peu à peu, avec pour seul bruit celui de la neige qui se tasse sous nos pas. D’un coup, nous découvrons le glacier du Grand Méan, que nous traversons pour atteindre notre col. Depuis celui-ci, la Pointe Francesetti (3425m) n’est qu’à portée de spatules, mais quelques accumulations suspectes nous font craindre des plaques à vent, et nous préférons nous en tenir là.

A 3232m au col de la Disgrâce : la descente du glacier nous attend ! – ©Masherbrum
Bonheur ultime : la descente du col est toute en poudre sur 700m de dénivelé. Les sensations reviennent, et nous déroulons les virages en jouant du relief. C’est qu’on avait oublié à quel point c’était bon le ski !

Une neige excellente sur le glacier du Grand Méan – ©Masherbrum

De la poudre et du soleil : que demander de plus pour la reprise ? – ©Masherbrum
Sous les 2500m l’altitude la neige est croûtée, mais ce n’est pas grave : nous avons eu notre quota de ski de qualité ! Nous remontons au Roc des Pareis pour la dernière descente du week-end, celle qui ramène à la civilisation.

C’est fini, vivement la prochaine ! – ©Masherbrum
Quelque part, on aimerait rester là-haut…