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Ski de rando au Liban

C’est pas parce qu’il y fait très chaud l’été qu’on ne peut pas y skier l’hiver !

A l’origine le prétexte du voyage était de participer à la première réédition de la Patrouille des Cèdres, une course de ski de rando inspirée de la Patrouille des Glaciers, et se déroulant – vous l’aurez compris – au Liban.

Nous savions qu’il y avait quelques reliefs dans ce petit pays du Proche-Orient, mais vu sa latitude et le climat nous nous attendions à du ski “rocailleux” lorsque notre amie Anne-Lo nous a proposé cette aventure.

 

De belles pentes qui n’attendent que d’être tracées – ©Boris Pivaudran

Et bien au final ce fut l’occasion de tordre le cou à beaucoup d’idées pré-conçues sur la vie sur place, et sur la skiabilité du coin. Une escapade méditerranéenne courte mais intense, et surtout gavée de neige !

Jour 1 : La forêt des Cèdres millénaires

Au départ ce devait être une journée de tourisme culturel dans la vallée de la Qadisha. Puis en regardant la carte nous réalisons que nous nous trouvons proches de la fameuse forêt des Cèdres de Dieux, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Forêt dont nous avions appris l’existence dans le magazine de l’avion qui en faisait une description dithyrambique (oui on est un peu partis en mode improvisation !). Après avoir échappé de peu à l’effondrement d’un arbre sur la route, on se gare à 1900m, on se change et on sort les skis pour explorer cette forêt, sous la floconnade.

 

Balade à ski sous les cèdres millénaires – ©Boris Pivaudran

Les arbres sont magnifiques et certains troncs portent sur eux le poids des âges. Douze d’entre eux dépassent le millénaire, et pour un ce sont même trois millénaires ! La neige est bonne mais le temps vire franchement au mauvais alors nous n’insistons pas trop.

La forêt des Cèdres de Dieu – ©Masherbrum

Jour 2 : La Patrouille des Cèdres

“On n’est pas au Canada” avait dit le loueur de voiture, pour justifier le fait qu’il ne pouvait pas nous fournir de pneus neige. On s’en est rappelé lorsqu’on s’est retrouvés à drifter sur une route blanche en priant pour ne pas s’encastrer dans les hauts murs de neige bordant la route. Des routes qui ne font pas de gentils lacets mais qui montent/descendent droit dans la pente à 20%. Mais vu les trajectoires des locaux pas grand monde n’a de pneus neige ici !

Le cèdre, symbole omniprésent – ©Boris Pivaudran

Bref après la tempête de neige de la veille au soir nous ne savons pas comment nous allons rejoindre le départ de la course. Au réveil la météo n’est guère plus engageante, d’un gris uniforme et humide. Heureusement le chasse-neige est passé avant nous, ainsi qu’une quantité assez impressionnante de véhicules militaires. Car la course est encadrée par l’armée libanaise, à l’image de la célèbre Patrouille des Glaciers en Suisse. Au vu des conditions, le parcours a été fortement réduit. Il doit y avoir 200 soldats dans l’aire de départ, en plus des concurrents, avec fanfare, drapeaux, et tout le folklore. Les concurrents sont un mélange bigarré de militaires et civils, avec du matériel de tout âge.

Départ de la Patrouille des Cèdres – ©Boris Pivaudran

La course se déroule dans un jour blanc et nous ne voyons rien du paysage. Qu’importe, l’essentiel est ailleurs. Certains militaires de l’armée arrivent à tenir une vitesse de montée très honorable avec des fixations à plaque et des chaussures quatre boucles. En descente les styles sont… assez erratiques pour certains !

Ce qu’on appelle une arrivée en fanfare – ©Masherbrum

Ceci mis à part, nous avons quand même un peu skié ! Une tentative de descendre la face ouest du Signal de Sannine, dont nous avait parlé Toufik (lui-même skieur de randonnée) s’est mutée en tricotage entre 1650m (la route) et 1900m (la limite du brouillard). Des montées/descentes sur divers petits reliefs au-dessus des vergers.

Ah le beau soleil méditerranéen… – ©Boris Pivaudran

Un peu de brassage dans la poudre – ©Boris Pivaudran

Jour 4 : Signal de Sannine, THE DAY

Au réveil au couvent nous ouvrons les yeux béats d’admiration : enfin nous découvrons le paysage et le ciel bleu ! Ni une ni deux, nous partons skier le Signal de Sannine (2548m). C’est le point culminant d’une très large face ouest de 800m, hyper skiante et homogène (30° d’inclinaison constante).

Du ski vue mer ! Et un prototype de la future gamme technique Masherbrum 😉 – ©Samuel Coulin

Nous montons d’abord à un petit col à 2230m avant de monter au Signal par l’épaule sud. De là où nous sommes, nous voyons la mer et les buildings de Beyrouth. Première descente sur cette épaule sur une poudre tassée juste adoucie par le soleil : excellente ! Nous remontons au sommet pour descendre cette fois en plein dans la face ouest.

Première descente sur le Signal de Sannine – ©Boris Pivaudran

Et là c’est la récompense… 800m en grandes courbes dans une petite poudre, à fond face à la grande bleue… peut-être la meilleure descente de l’année ! Les conditions sont vraiment parfaites ce jour-ci et toute l’équipe exulte.

Au sommet, un ancien refuge du CAF – ©Boris Pivaudran

800m de poudre rien que pour nous ! – ©Boris Pivaudran

Malheureusement nous devons décoller à 11h30 direction la capitale pour que je puisse rentrer, les copains restent eux un peu plus longtemps, et s’offrent notamment une rando magnifique sur le Mont Hermon (2814m). C’est le point culminant de la chaine de l’Anti-Liban, sur la frontière avec la Syrie, non loin de Damas. Un sommet visiblement très sauvage en hiver.

Le survol en avion de la Grèce et de la Turquie permet d’observer une quantité incroyable de massifs enneigés, qui sont autant d’invitations à de nouveaux voyages… avec parcimonie certes pour le bilan carbone !

PS : Vous souhaitez tester le ski de rando ? Découvrez tous nos conseils dans cet article !